lilly ▪ Maître Pâtissier
est débarquée : 03/12/2011 a posté : 208 âge : 28 habite : belgium.
| Sujet: quelques écrits. Mar 13 Déc - 1:23 | |
| Le premier est une présentation RPG. L'autre un de mes nombreux prologues pour des livres jamais commencé. Bonne lecture. - Spoiler:
Et dans ce monde, il y a un code pour tout, le code secret qui fait que nos sms sont biens gardés au fond de notre boite de réception, que notre Facebook n'est pas observé par dix-milles personnes, qui cache nos dossiers, nos historiques, nos conversations, nos photos, qui font de notre vie personnelle un coffre aux milles et un trésors. Si ce code était révélé, pour certains, ce n'est pas si grave, pour d'autres leur vie s'écroule en quelques minutes. Pourquoi nos vies sont composées de plusieurs codes secrets, qui eux cachent toute notre vie ? Pourquoi alors, le bonheur n'en avait pas un, de code ?
Nous sommes le dix huit février deux-milles neuf. La pluie avait remplacé la neige et la ville s'éteignait lentement. Il était quatre heures du matin. Une heure d'attente. Leah, se repassait des photos sur iPhone en écoutant en boucle sa chanson fétiche. Le couloir était froid, son odeur aussi, les personnes aussi. Dans un coin, quelques-uns se battaient pour un café, larmes aux yeux. Dans un autre, quelques-uns essayaient de se concentrer sur un autre chose, larmes aux yeux. En face d'elle, quelques-uns se couvraient le visage dans leurs propres mains, larmes aux yeux. Il était quatre heures du matin, et pratiquement toutes les personnes vivaient la même chose qu'elle, larmes aux yeux.
Flashback. Dix ans de bonheur, une ville à la campagne, les narines bercées par l'odeur du gâteau aux framboises. Et l'été qui arrive. Son père assit, joue au piano. I Giorni résonnait dans toute la maison. Leah s'approcha tout près de ce piano. Il était si beau, elle aimait rester tout près de son père, son lapin en mains, regardant ses doigts défilés sur les touches, écoutant la suite de la chanson, de la mélodie. C'était comme ça que son père l'endormait. Il n'y avait pas d'histoires fixes. C'était elle et son imagination au rendez-vous. La mélodie l'emportait dans un monde parallèle, où les problèmes n'étaient que poussière, où la vie était un bout de chocolat, qu'on dévorait à pleine dents, tout en dégustant la saveur. Ses rêves changeaint, jamais elle n'avait connu de cauchermars, jamais elle n'avait vu de méchant loup, jamais elle n'avait eu peur. La seule peur qu'elle avait, c'était de tout perdre. Il lui avait promis. Promis de lui apprendre ce morceau qui la faisait rêvée, le seul morceau dont elle ne s'était jamais lassée.
La vie ne l'avait pas délaissée, elle avait vécu. Elle avait eu la chance, de connaitre une enfance dont les films étaient les seuls à la créer, celle qui était parfaite. Parents réunit, une bonne entende avec sa sœur, seize ans de bonheur. Seize ans de bonheur. Et un monde qui s'écroule.
Flashback. Douze ans de bonheur, une ville à la campagne, les doigts caressés par les touches de ce piano. L'hiver prend place. Comme chaque mardi, Leah toucha le piano et essaya quelques notes. Elle voulait être comme son père, talentueuse. Son rêve. Le soleil tapa sur ce piano, l'éclat qui en sortait était magnifique. Ce piano à queue avait vécu. Mais il était beau, et celui-ci avait une histoire. Rien qu'en effleurant les touches, on pouvait lire son histoire, les milles et une chansons déjà jouées, les notes échappées. Sa mère riait, Leah jouait. Elle se dirigea vers Leah, vers ce piano. Elle s'assit à côté, et observa les mains de sa fille défilées sur les touches, peut-être que ces notes sonnaient mal, mais elle prenait un plaisir à l'entendre. Une part de gâteau à la framboise en mains, elle caressa les cheveux bruns de sa fille et lui souriait. Leah leva la tête et rendit son sourire. Elle prit la part de gâteau, passa son doigt dans la crème fraîche qui couvrait les framboises et regarda sa mère. - Maman, tu es la meilleure cuisinière au monde ! - Tu es la meilleure pianiste, la meilleure tout court, la meilleure au monde, ma chérie. - Nous sommes les meilleures ! Elles riaient ensemble pendant quelques minutes.
Cette odeur, elle l'avait encore dans les narines, cette mélodie pourtant détestable qu'elle avait tapoter était dans ses oreilles. Elle serra ses poings, priant, pleurant. La belle vie, elle l'avait vécu, trop tôt, et pas très longtemps. Les photos défilaient, elle bloqua sur cette photo. Famille réunie. Leah était assise sur les genoux de son père, sa mère était à gauche, tenant le lapin de sa fille sur ses genoux. De l'autre côté, sa soeur, Elina, tenant l'appareil photo. Un souvenir irremplaçable, son père jouait, Leah suivait, sa mère souriait, sa sœur riait.
Flashback. Sept ans, le bonheur s'accrocha a quelques photos, le sourire aux lèvres. Le printemps s'éteignait. La vie de famille, dans la famille Hayes, c'était le vendredi. Quelques notes écoutées, quelques paroles échangés, et les rires perdus dans la maison. Leah et sa sœur chantait une chanson populaire, leur mère dansait et leur père jouait ce fameux morceau au piano. Ils respiraient la vie, ils respiraient l'amour, ils respiraient le bonheur. Personne n'était à bout de souffle, la vie leurs souriait. Elina prit l'appareil photo, riant tout en chantant quelques mots de la chanson. Elle photographia tout moment de cette soirée. Sa mère qui dansait avec sa soeur. Leah qui tournait en rond avec son lapin en mains. Son père qui décrochait son regard du piano pour sourire à la photo. Les yeux de chaque personne de cette famille avait plus d'étoiles que l'univers entier. Ils s'aimaient. Ils étaient heureux. Leah demanda à tout le monde de s'incruster au près de son père pour une photo souvenir. Et en un instant, le bonheur avait un nom, une image.
Elle pleure. I Giorni avait finit de résonner dans le creux de ses oreilles. La vie de sa mère s'éteignait. Elle ne le savait pas encore, elle priait encore, larmes aux yeux. Sa sœur lui prena la main, tout en ayant un sourire forcé. Elle non plus, ne voulait pas sourire, le bonheur avait pris sa fin, une fin brusque, une fin cruelle. Seize ans de bonheur pour Leah. Dix sept pour sa sœur. Dix huit pour ses parents. Son père était porté disparu depuis plus de trois heures. Sa mère avait été retrouvée morte dans leur propre maison. La moitié de la maison avait pris retrait. Brûlée. Sa soeur revenait, elle avait été observée les dégâts. Sa chambre et celle de Leah, sa soeur avaient été touchées, ainsi que la cuisine. Les autres étaient intactes. Leah souffla. Les souvenirs pouvaient toujours courir dans la maison. La bibliothèque, le piano était toujours là. Intacte. Le docteur passa dans le couloir plusieurs fois, réglant quelques papiers, pour finir par s'approcher tout près des deux sœurs. Les pleurs résonnaient dans le couloir, la tristesse était là, couvrant tout. Le bonheur était fini. Réellement fini. La famille était coupée de tout, par la mort et par une disparition. Cette famille rimait avec bonheur. La famille n'était plus réunie, le bonheur n'était plus là.
Deux ans après. Leah dépassa ses dix-huit ans de quelques jours. Elle était faible. Sa sœur avait fuit le pays. Son père avait toujours le statut de disparu. Elle avait lâché ses études. Avec l'argent de l'héritage, elle s'était acheté un appartement à Fransisco. Assez grand pour accepter le piano de son père. Assez grand pour entasser les photos souvenirs que sa sœur avait laissé. La partition de la chanson de Ludovico Einaudi déposé sur ce piano. Et les souvenirs accrochés à son mur.
Elle n'aimait rien d'autre que lui, les nuits d'hiver, et celles d'été. C'était comme ça, et personne ne pouvait la changer. Sa famille l'avait laissée seule, sans défense, sans un au revoir, après l'incendie qui a ravagé toute la maison de vacances de la famille. Depuis, elle s'accrochait à ses phalanges, elle s'accrochait à lui seul, elle avait trop peur d'aimer, de s'accrocher à nouveau pour finir par pleurer et se retrouver au fond du gouffre. Elle ne faisait plus rien de spécial, elle se laissait aller. La vie l'emportait sans laisser de traces derrière elle. Elle attendait juste que la vie l'étouffe, que sa tristesse envers ce drame l'étouffe et la laisse sur le côté, pour qu'elle soit enfin avec eux. Ce qui la faisait tenir, c'était lui, les nuits d'hiver, et celles d'été. Elle mourrait et elle le savait, elle se consumait comme une cigarette à ses lèvres, c'était comme ça, et elle s'en foutait. Tout ça, cette blessure enfuie au plus profond d'elle-même, cette tristesse qui la rongeait, et les regrets, c'est ça qui la faisait mourir, petit à petit certes, mais pour elle, elle n'avait plus que ça à faire. Elle ne le montrait pas, c'était sa façon de faire, elle voulait se montrer forte et cacher sa douleur, elle ne la montrait à personne, même pas à lui. À vrai dire, cacher sa douleur était un jeu assez facile, tout le monde disait d'elle, que c'était une fille qui avait tout pour elle. C'était le genre de fille, que les autres gamines auraient tué, car elle touchait d'un doigt la perfection d'après les autres. C'était le genre de fille, qui d'un battement de cils fait tomber énormément de garçons, sa chevelure blonde s'accordait parfaitement avec ses yeux bleus qui jouaient un jeu, celui de faire dire que sa vie était parfaite. Son visage était digne de celui d'une poupée dont on avait pris le temps de perfectionner, de modeler. Elle avait aussi un corps parfait, digne d'un mannequin qui pouvait gagner facilement une place dans le magazine 'Vogue' ou travailler pour 'Chanel'. Mais elle préférait se cacher devant sa mèche blonde et continuer à exercer son métier de psychologue. Elle le faisait si bien, et était réputée pour être la meilleure de sa région. Elle savait aider les autres, elle savait les comprendre, relever les blessures les plus anciennes sans que ses patients ne lui disent. Mais pour elle, tout n'était qu'un tourbillon de problèmes dont elle ne trouvait ni le début, ni la fin, un tourbillon de blessures, de tristesses, de douleurs, qu'elle ne savait pas effacer. Elle ne savait pas comment faire pour s'en remettre, se remettre de son passé, de cet incendie et du présent qui la bouffait. Elle avait déjà essayé de suivre à la lettre ce qu'elle donnait comme traitement à ses patients, mais rien n'y a fait, elle recommençait à pleurer, et à fumer, jusqu'à ce que la fumée l'étouffe et lui fasse prendre conscience qu'elle aida son passé, son présent, sa tête à la tuer. Mais le lendemain, elle recommençait, c'était ça sa vie. Et il ne le remarquait pas, car elle savait jouer le jeu.
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